Une nouvelle étude, publiée dans la revue « Pediatrics », démontre à quel point nos attentes face au sommeil des petits sont complètement irréalistes. L’étude effectuée par des chercheurs de l’Université McGill auprès de 400 bébés prouve qu’il n’y a aucune association entre le fait de ne pas « faire ses nuits » et de futurs problèmes de développement.
Bébé fait ses nuits?
C’est la question que tous les nouveaux parents se font inévitablement demander. On va se le dire, le manque de sommeil est cruel lors des premiers mois avec un nouveau bébé. Au bout d’un certain temps, il peut être tentant de trouver des moyens drastiques afin de récupérer un peu et l’entraînement au sommeil aka la fameuse méthode « 5-10-15 » fait souvent partie des discussions.
Nouvelle maman, je me souviens avoir vaguement considéré l’entraînement au sommeil pour Albert. Il devait avoir plus ou moins six mois, je crois. C’était à l’époque où j’apprivoisais encore mon instinct maternel. Bébé se réveillait encore souvent la nuit pour prendre le sein et j’ignorais encore que les bébés allaités se réveillent davantage que ceux qui sont sur la formule, mais surtout qu’il me faudrait cesser complètement l’allaitement de nuit (vers les 18 mois – 2 ans d’Albert, si je me souviens bien) pour que mon petit amour arrête de se réveiller.
Certaines personnes de notre entourage nous avaient vanté les mérites de la méthode « 5-10-15 ». J’étais loin d’être chaude à l’idée, chéri était plus enclin à l’essayer. Comme le « parenting » est un travail d’équipe, nous avons décidé de tenter le coup. Je nous revois encore tous les deux debout, de l’autre côté de la porte, à essayer de tenir bon, moi les yeux pleins d’eau, chéri un brin figé pendant qu’Albert hurlait pour un peu de réconfort. Ça a duré un interminable… deux minutes. On a ensuite convenu qu’il était hors de question de s’infliger un tel supplice, à nous et notre bébé qui ne demandait que notre présence rassurante.
L’étude en détails
Les chercheurs de l’Université McGill ont analysé les informations de 400 bébés recrutés dans les cliniques d’obstétrique de Montréal, Québec et Hamilton, en Ontario. Dormir toute la nuit était défini par des blocs de six ou huit heures de sommeil sans se réveiller. Voici ce que l’étude révèle:
À 6 mois, près de 40 % des bébés ne dormaient pas des blocs de 6 heures consécutives et près de 60 % ne dormaient pas des blocs de 8 heures consécutives.
À 12 mois, près de 30 % des bébés ne dormaient pas des blocs de 6 heures et près de 45 % ne dormaient pas des blocs de 8 heures. Considérant que, pour la plupart, « faire ses nuits » signifie dormir du soir au matin, soit 12 heures, ce que cette étude prouve, c’est que seulement la moitié des enfants d’un an dorment toute la nuit, l’autre moitié se réveille encore régulièrement!
Il est important de noter que cette étude s’est appuyée sur des données parentales rapportées et qu’il est prouvé que les bébés se réveillent beaucoup plus souvent que ce que les parents pensent! Il est donc probable que les bébés se réveillaient en fait beaucoup plus que ça!
Ce que la recherche a également constaté, c’est qu’il n’y avait aucun effet négatif sur les bébés qui se réveillent la nuit et qu’ils ne sont pas plus susceptibles de souffrir de problèmes mentaux ou physiques plus tard, ou de retards de développement par rapport à leurs pairs qui « font leurs nuits ». C’est-à-dire qu’il n’est pas mieux pour les bébés de faire leurs nuits et que les réveils nocturnes se sont pas du tout un problème pour eux!
Ils ont également constaté que les mères de bébés qui se réveillent la nuit ne sont pas plus susceptibles de souffrir de dépression post-partum que les mères de bébés qui dorment toute la nuit.
Ces deux derniers points sont essentiels lorsqu’on pense aux avertissements absurdes émis par ceux qui sont favorables à un entraînement du sommeil (comme la méthode 5-10-15). Nous avons maintenant des recherches qui prouvent qu’il n’est pas mieux pour les bébés de faire leurs nuits, ils n’en souffrent d’aucune façon, et la santé émotionnelle des mamans non plus!
Ajoutez ça aux autres recherches qui prouvent qu’après 6 mois, il n’y a aucune différence au niveau du sommeil entre les bébés qui ont été entraînés et ceux qui ne l’ont pas été (parce que l’entraînement au sommeil n’enseigne pas un meilleur sommeil!) et il vaudrait la peine de se demander sérieusement pourquoi l’entraînement au sommeil est toujours aussi populaire…
Il est grand temps de réviser nos attentes et standards en matière de « bonne » nuit de sommeil et diriger plutôt notre attention sur les besoins essentiels des enfants. Ils ont besoin d’amour et de réconfort 24/7, pas seulement de jour ou lorsque ça convient à l’horaire des parents.